Nadal, le favori qui n'a plus trois longueurs d'avance
Si son jeu est moins dominateur, Rafael Nadal reste au-dessus de la mêlée, mais sa marge de manœuvre est plus faible. Il n’est pas à l’abri d’un jeune en état de grâce.
- Publié le 24-05-2019 à 08h02
- Mis à jour le 24-05-2019 à 09h58
Si son jeu est moins dominateur, Rafael Nadal reste au-dessus de la mêlée, mais sa marge de manœuvre est plus faible. Il n’est pas à l’abri d’un jeune en état de grâce. Chacun se bat pour mettre la pression sur Nadal. "Nadal est le favori n° 1, sans aucun doute, puis derrière tous les autres", confiait Novak Djokovic après sa défaite à Rome.
Il faut remonter à 2005 pour trouver la trace d’un Roland-Garros indécis. Pour la première fois depuis 14 ans, Rafael Nadal n’est plus sur toutes les lèvres. Le vainqueur de 11 titres à la Porte d’Auteuil a montré que le poids des ans pesait dans l’intensité de sa frappe. Le gaucher de Manacor n’est plus l’ogre de l’ocre. Sa saison sur terre battue s’est résumée à une succession de déceptions jusqu’à l’étincelle romaine qui a ranimé la flamme. De Monte-Carlo à Madrid, il n’avait pas atteint la moindre finale.
Pire, avant Rome , son dernier titre remontait au mois d’août 2018. Il attendait donc avec impatience le retour de la terre battue. Il n’a disputé qu’une seule finale. Fognini, Thiem et Tsitsipas l’ont barré en demi-finale respectivement à Monte-Carlo, à Barcelone et à Madrid. Rafa ne s’inquiète pas encore de la situation. "C’est plus normal ce qui m’arrive maintenant que ce qui m’est arrivé ces 14 dernières années, confiait-il à Madrid. Je dois garder une attitude positive et rester en forme. J’ai fait quelques pas en avant, peut-être pas assez, mais la situation s’améliore. Nous n’allons pas en faire un drame ou trop réfléchir parce que les choses ne vont pas dans le bon sens. Il faut accepter qu’en sport, on gagne et parfois on perd."
S’il veut l’emporter à nouveau à Paris, Nadal devra retrouver ses points de force. Pour le moment, il ne se déplace pas aussi bien qu’avant. Il est moins efficace en défense. Ses attaques sont moins tranchantes. Il ne parvient plus à prendre à la gorge son adversaire à chaque point. Ses balles ne giclent plus avec la même intensité qui était tant redoutée sur le circuit. Physiquement, son corps lâche.
Néanmoins, son prochain bourreau à RG devra tenir au meilleur des 5 sets avec une pression accrue car Rafael Nadal connaît chaque grain rouge du court Philippe Chatrier. Il a l’expérience. Son corps ne le martyrise pas pour le moment. Son mental est de retour au zénith. Ses coups se remettent tout doucement en place. La semaine à Rome a été décisive car elle lui a prouvé que tout son travail porte encore ses fruits.
Rome aura donc une influence sur les performances de Paris. Rafa a remis de l’ordre et envoyé un signal limpide. Il faudra aller chercher la victoire face à lui car il ne donnera rien. Sa soif de titres est intacte. "Le plus important pour moi, c’est ce trophée", disait-il dans la ville éternelle à L’Équipe. "Vous demandiez des titres, voilà, j’en ai eu un en 2019. Mais ce qui compte, c’est que je sente que je joue bien et que je sois en bonne santé, avec l’énergie dont j’ai besoin. Il fallait que je retrouve mon niveau. Je savais que les résultats suivraient. Depuis plusieurs semaines, chaque jour est meilleur que le précédent."
Ce réveil intervient au meilleur des moments pour un Espagnol qui connaît le chemin vers la gloire. Plus que par le passé, il aura besoin que sa force mentale compense sa relative faiblesse physique. "Tu travailles mentalement en allant sur le court tous les jours. Tu ne te plains pas quand tu joues mal, quand tu as des problèmes, des douleurs. Tu adoptes la bonne attitude, le bon visage. Tu n’es pas négatif malgré tous les soucis. Tu vas sur le court tous les jours avec passion pour continuer à t’entraîner. C’est ça, le travail mental. Je l’ai fait pendant toute ma carrière."